Des infrastructures à l’innovation, les points saillants du budget fédéral
Le 22 mars, le ministre des Finances fédéral, Bill Morneau,a déposé le budget de 2017 du gouvernement fédéral — un document que M. Morneau qualifie de « chapitre deux » du plan économique de ce gouvernement libéral.
Outre les mises à jour sur les recettes et dépenses de programmes anticipées pour l’exercice 2016 2017 et les prévisions pour cet exercice et les exercices subséquents, le budget, dans ses grandes lignes, est resté fidèle au credo du gouvernement Trudeau, soit l’amélioration du sort des Canadiens de la classe moyenne et de ceux qui cherchent à intégrer ses rangs, et se situe dans le prolongement de la vision énoncée dans le budget de 2016.
Le budget prévoit un déficit de 28,5 milliards de dollars en 2017. Le ratio de la dette au PIB sera maintenu au même niveau environ que celui qui prévaut depuis 10 ans, et il ne devrait pas changer dans un avenir prévisible. Fait intéressant, le document n’entrevoit aucun équilibre budgétaire avant 2055.
Impôts
Comme prévu, le budget ne comporte pas de changements importants sur le plan fiscal ni de nouveau programme de dépenses majeur. De nombreux observateurs politiques s’entendent pour affirmer que les incertitudes actuelles entourant les projets de l’administration Trump sur sa politique budgétaire et commerciale rendent extraordinairement difficile pour un ministre des Finances canadien la tâche de faire des changements importants à cet égard en l’absence d’une information plus étoffée. Quelques retouches ont été apportées aux impôts, y compris une légère hausse des « saintes » taxes sur le tabac et les alcools et l’abolition de certains crédits d’impôt « à la pièce » introduits par le gouvernement précédent, notamment le crédit d’impôt sur le transport en commun.
Formation axée sur les compétences
Conformément à la sagesse populaire et selon l’opinion qui prévaut chez la plupart des experts, en dépit des niveaux relativement élevés d’emploi, le rythme de l’innovation technologique et l’adoption croissante de l’automatisation en milieu de travail conduiront à un remplacement des travailleurs à un rythme alarmant. Face à ce défi, le gouvernement propose une série de politiques conçues pour faciliter la préparation du monde du travail aux emplois de demain :
- ehausser les programmes d’enseignement coopératif avec les universités,
- injecter de l’argent frais dans les Ententes sur le développement du marché du travail et le développement de la main d’œuvre avec les provinces,
- apporter des changements au programme d’Assurance-emploi afin de permettre aux travailleurs au chômage de retourner aux études sans perdre leurs prestations d’AE,
- assouplir les règles sur le congé parental,
- faire en sorte d’attirer plus facilement des travailleurs étrangers qualifiés au Canada.
Innovation
Dans un récent article, l’ancien directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a révélé que le Canada consacre déjà 22,6 milliards de dollars à plus de 150 programmes et crédits d’impôt dédiés à l’innovation. Dans ce budget, le gouvernement propose « de consolider et de simplifier » cet écheveau complexe. De plus, on prévoit un investissement de 950 millions de dollars dans des « supergrappes » pour encourager les entreprises à mener l’innovation. Faisant écho à une ère antérieure de politique industrielle, le gouvernement met l’accent sur la fabrication de pointe, l’agroalimentaire, les technologies propres, les sciences biologiques et de la santé, ainsi que les infrastructures et les transports.
Un investissement de 1,26 milliard de dollars sur cinq ans sera aussi effectué dans un nouveau Fonds stratégique pour l’innovation pour le secteur de l’aérospatiale, de l’automobile et les secteurs s’y rapportant. Le gouvernement a aussi annoncé un engagement renouvelé envers les sciences et la prise de décisions fondées sur des données probantes en créant un poste de conseiller scientifique en chef et un secrétariat connexe.
Infrastructures
Dans son énoncé économique de l’automne 2016, le gouvernement a annoncé son intention de financer une Banque de l’infrastructure qui investira 35 milliards de dollars sur 11 ans. Le présent budget indique seulement que la loi établissant la Banque sera présentée bientôt. Ce budget prévoit aussi des détails de programme pour les dépenses substantielles dans les infrastructures annoncées dans le budget de 2016.
Logement
Le budget précise comment le gouvernement entend dépenser le financement antérieurement annoncé de l’infrastructure sociale au moyen d’une nouvelle Stratégie nationale sur le logement. Il propose d’investir 11,2 milliards de dollars sur 11 ans dans diverses initiatives visant la construction, la rénovation et la réparation du parc de logements abordables du Canada.
Conclusion
Tel qu’il a été annoncé, ce budget est une ordonnance de stabilité pour l’économie durant la prochaine année. Il est intéressant de noter qu’il ne propose que 1,3 milliard de dépenses qui n’ont pas été annoncées antérieurement. Le gouvernement a toutefois réintroduit la réserve pour éventualités de 3 milliards qui n’avait pas été incluse dans le budget de 2016. De plus, les prévisions selon lesquelles les dotations de certains ministères seraient augmentées de manière importante, notamment la défense, ne se sont pas matérialisées.
Tant que le gouvernement américain ne définira pas clairement ses politiques budgétaires et commerciales et leur portée, le Canada ne peut rien tenir pour acquis. En attendant qu’une certaine clarté nous vienne du sud de la frontière au cours du printemps et de l’été, nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce que le ministre Morneau en soit réduit à faire des rajustements importants à son plan économique en milieu de parcours à la session d’automne du Parlement.