En Ontario, le gouvernement de Doug Ford a présenté aujourd’hui son premier budget, ainsi qu’un plan pour s’attaquer au déficit actuel de la province qui s’élève à 13,5 milliards de dollars − une promesse électorale clé de ce gouvernement. Les coupes auxquelles on procède généralement pour réduire un déficit important n’ont pas été aussi sévères que plusieurs l’avaient prédit (ou craint).
Les plans pour les secteurs de la santé et de l’éducation de l’Ontario ont fait les manchettes récemment. À ce titre, le budget d’aujourd’hui prévoit des investissements modestes dans les soins de santé et met de l’avant un plan visant le regroupement en une seule entité de plus de vingt organismes régionaux de santé. En éducation, l’effectif des classes des niveaux intermédiaire et secondaire est appelé à augmenter.
De plus, dans le but de faire économiser de l’argent aux résidents de la province, le gouvernement Ford engage une vaste réforme de l’assurance automobile et propose un crédit d’impôt pour les services de garde d’enfants pour les ménages à revenu faible ou moyen.
QUELQUES CHIFFRES
– Le gouvernement ne prévoit pas d’atteindre l’équilibre budgétaire au cours de ce mandat, mais bien dans cinq ans : la province devrait afficher un déficit de 11,7 milliards de dollars à la fin de l’actuel exercice financier. Selon le budget, le déficit devrait être réduit à 10,3 milliards de dollars l’année prochaine, à 3,5 milliards en 2022-2023 et sera excédentaire de 300 millions en 2023-2024.
– Aucun nouvel impôt pour les particuliers ou les entreprises.
– La croissance des dépenses de programmes sera limitée à 1 % par année. Cet objectif ne sera pas facile à réaliser.
OUVERT AUX AFFAIRES
La nouvelle devise de la plaque d’immatriculation sera peut-être « En plein essor », mais dans ce budget, c’est plutôt le drapeau « Ouvert aux affaires » que brandit le gouvernement Ford. Le gouvernement promet :
- d’accorder, sur une période de six ans, un allégement de 3,8 milliards de dollars de l’impôt provincial sur le revenu des sociétés, en accélérant l’amortissement des dépenses en capital dans le cadre du programme Incitatif à l’investissement pour la création d’emplois en Ontario. Au cours de la campagne électorale, les conservateurs s’étaient engagés à réduire le taux d’imposition des sociétés de 11,5 % à 10,5 %.
- de maintenir le salaire minimum à 14 $ l’heure, de réduire les primes de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT), d’annuler le système de plafonnement et d’échange et d’offrir un allégement de l’impôt sur le revenu des sociétés afin de faire économiser environ cinq milliards de dollars aux entreprises ontariennes en 2019.
À BAS LA PAPERASSE
À maintes reprises, le gouvernement Ford s’est engagé à réduire la paperasse et les formalités administratives, et cette promesse est un thème du budget 2019. S’appuyant sur la Loi de 2018 pour un Ontario ouvert aux affaires et sur le projet de loi 66, Loi de 2018 visant à rétablir la compétitivité de l’Ontario, qui « éliminent les obstacles à l’investissement, à la croissance et à la création d’emplois dans plus d’une douzaine de secteurs » le gouvernement affirme qu’il :
- réduira les formalités administratives de 25 % d’ici 2020. Une fois mises en œuvre, ces modifications devraient permettre aux entreprises de l’Ontario de réaliser des économies continues de plus de 400 millions de dollars en coûts liés à la conformité.
- adoptera une stratégie qui, donnant priorité aux services numériques, lui permettra d’offrir plus de services en ligne aux entreprises et aux particuliers.
- rationalisera les processus de paiement, de délivrance de permis, de certification et autres processus gouvernementaux pour les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires ainsi que pour les secteurs des pensions et des assurances.
- lancera le plan directeur Priorité aux conducteurs afin d’élargir l’éventail des régimes d’assurance automobile offerts aux conducteurs, de faciliter le processus de traitement des demandes de règlement et d’intensifier la concurrence entre les fournisseurs d’assurance.
RELÂCHER LA LAISSE, RESSERER LES RÊNES
En accordant une attention particulière au jeu d’argent et à la consommation d’alcool et de cannabis, le gouvernement Ford s’engage à traiter les « adultes comme des adultes ». Toutefois, pour lutter contre le grand déficit, il entend fortement limiter les dépenses de programmes.
Le gouvernement s’engage à :
- adopter une loi autorisant les fêtes d’avant-partie pour les événements sportifs et permettant aux municipalités de créer des règles concernant la consommation d’alcool dans les lieux publics; autorisant les établissements dotés d’un permis à servir de l’alcool plus tôt que d’habitude et d’annoncer des spéciaux (tels que des happy hour); permettant aux casinos de servir de l’alcool gratuit et, comme il avait été promis, aux dépanneurs et aux magasins à grande surface de vendre de la bière et du vin.
- lever le plafond des vingt-cinq magasins de vente au détail de cannabis pour l’ensemble de la province et, entre-temps, élaborer un plan de préapprobation pour le traitement des demandes.
- Plusieurs ministères connaîtront des réductions budgétaires, notamment :
o le ministère des Affaires autochtones
o le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs
o le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires
o le ministère de la Formation et des Collèges et Universités
Dans le contexte des engagements du gouvernement visant à mettre fin à la croissance des dépenses de programmes, à éliminer les lourdeurs administratives et à équilibrer le budget à la longue, les entreprises et les organisations ayant des idées qui aideront la province à atteindre ses objectifs trouveront un gouvernement ouvert aux solutions novatrices qui répondent à leurs objectifs.
RÉACTION DE L’OPPOSITION
Andrea Horwath, chef du NPD de l’Ontario, a qualifié le budget de « cruauté flagrante » et a accusé le gouvernement Ford de « traîner » les Ontariens dans « la mauvaise direction ».
John Fraser, chef intérimaire du Parti libéral de l’Ontario, a dénoncé le budget parce qu’il ne protégeait pas ce qui compte le plus pour les familles ontariennes. Il a critiqué le gouvernement Ford pour avoir démantelé les services gouvernementaux dont dépendent les familles.
Mike Schreiner, chef du Parti vert de l’Ontario, a critiqué le budget parce que les mots « alcool » et « jeu » y sont mentionnés 63 fois, tandis que les mots « changement climatique » n’y figurent qu’une quinzaine de fois, et « pauvreté », nulle part.