Le lundi 21 octobre, les Canadiens se sont rendus aux urnes à l’occasion de la 43e élection fédérale. Les sondages avaient visé juste — le Canada obtient son premier gouvernement fédéral minoritaire depuis 2011. Le Parti libéral du Canada a mieux fait que prévu, en particulier en Ontario, alors que le Parti conservateur du Canada a raflé presque tous les sièges en Alberta, en Saskatchewan et dans de nombreuses circonscriptions de la Colombie-Britannique. Le Bloc Québécois obtient le statut de parti officiel, tandis que le Nouveau Parti démocratique perd un nombre important de sièges, mais conserve la balance du pouvoir au sein du prochain parlement.
Nous nous attendons à ce que le premier ministre prenne son temps pour réunir un consensus. Il doit comprendre la nouvelle dynamique sur le plan de la politique et des politiques, nommer des ministres, délivrer des lettres de mandat et prononcer le discours du Trône. On peut raisonnablement s’attendre à ce qu’il dévoile son programme dans les prochains jours. Mais les Libéraux doivent affronter de multiples défis — les résultats des élections ont mis en lumière les divisions régionales profondes du pays, à l’ouest et au Québec. Le premier ministre devra trouver des façons de relever les défis liés à la représentation régionale au sein du cabinet étant donné qu’il ne dispose d’aucun député libéral élu de l’Alberta ou de la Saskatchewan.
Notre équipe de conseillers possède une vaste expérience des relations avec les gouvernements minoritaires. Certains d’entre eux ou elles ont joué des rôles clés au sein du gouvernement de Paul Martin, de 2004 à 2006, et d’autres ont servi dans les parlements minoritaires sous Stephen Harper, de 2006 à 2008 et de 2008 à 2011. C’est grâce à cette expérience que nous sommes en mesure d’offrir les considérations suivantes afin de faciliter la compréhension du prochain gouvernement :
- Le gouvernement exercera-t-il son mandat en se penchant sur un dossier à la fois? Le premier point à l’ordre du jour sera d’ouvrir les lignes de communication entre les chefs de partis. Des changements climatiques à la politique fiscale, le gouvernement devra repérer les occasions de collaboration. Même si les Libéraux peuvent négocier une entente formelle avec le NDP, nous pensons qu’il est plus probable que le gouvernement fonctionnera en se penchant sur un dossier à la fois. Dans un tel scénario, l’idée que l’on ne peut parler qu’aux ministres et à leur personnel pour attirer leur attention sur des objectifs particuliers ne suffira pas. Le gouvernement s’en remettra aux membres de l’opposition, probablement du NPD, pour faire passer la législation. De façon générale, les activités de défense des intérêts devront dépasser les clivages politiques. Point essentiel à ne pas oublier, la fonction publique devra aussi essayer de comprendre comment gérer le programme du gouvernement. Les organisations qui peuvent offrir aux fonctionnaires des commentaires pratiques qui sont le fruit d’une bonne recherche et d’une fine intelligence politique sont celles qui ont le plus de chances de réussir.
- Les comités permanents prendront le plus possible avantage des leviers du pouvoir politique. Plus que jamais auparavant, les parties prenantes utiliseront les comités dominés par l’opposition pour faire avancer leurs objectifs sur les plans de la politique et des politiques. Ainsi, les procédures des comités représentent d’excellents outils pour qui veut faire avancer des propositions de politique alternative ou frustrer la volonté des Libéraux au pouvoir. Les comités auront beaucoup plus de pouvoir pour amorcer des études, modifier la législation ou même tuer dans l’œuf des initiatives du gouvernement. Par conséquent, les spécialistes des relations gouvernementales et les médias porteront une attention particulière au travail des comités permanents.
- La dynamique d’un Sénat nouvellement indépendant. Le Sénat du Canada a évolué radicalement depuis le dernier gouvernement minoritaire de 2011. Le gouvernement Trudeau s’emploiera à vider le Sénat de partisans en nommant des sénateurs indépendants n’ayant aucune affiliation politique formelle. Sans la capacité de s’appuyer sur une cohorte de partisans loyaux sur qui il peut compter pour faire passer une législation par la chambre haute, un gouvernement minoritaire dirigé par les Libéraux aura à relever de sérieux défis. Toutefois, le Sénat compte encore une bonne cohorte de sénateurs conservateurs qui, pour la plupart d’entre eux, ont été nommés durant les années Harper. Il faut désormais faire avec le Sénat, et les organisations seraient bien avisées de le comprendre lorsqu’elles planifient leurs stratégies de relations avec le gouvernement.
- Les dossiers souvent gérés derrière des portes closes relèvent maintenant du domaine public. Dans le contexte d’un gouvernement minoritaire, les politiques fondamentales ne feront plus l’objet d’une négociation à huis clos entre les gouvernements et les parties prenantes. Les organisations devront être prêtes à débattre de ce genre de questions en public. Les résultats des demandes d’information soumises en vertu de la Loi sur l’accès à l’information (LAIPRP) placeront le travail des fonctionnaires sous l’œil du public. Dans un tel contexte, une défense des intérêts qui se respecte comprendra souvent un plan de communications externes intelligent.
- Le bureau du premier ministre s’occupe en permanence de la gestion des problèmes. Les gouvernements minoritaires sont difficiles à gérer, car le personnel fait de son mieux pour appliquer un programme réalisable tout en gardant un œil vigilant sur la prochaine crise ou les déclarations dramatiques des partis d’opposition menaçant de faire tomber le gouvernement. Par conséquent, la marge de manœuvre dont les ministères disposent pour élaborer des programmes ou des lois est restreinte par la nécessité pour le bureau du premier ministre d’approuver chaque initiative aux fins d’atténuation du risque. Le premier ministre Trudeau voudra aussi nommer un leader à la Chambre qui soit compétent et capable de jouer un rôle clé dans la mise en œuvre du programme parlementaire du gouvernement.
- Convention de transition 2.0. En vertu de la convention de transition qui prévaut durant la période électorale, les ministères confinent leur travail aux dossiers de gestion courante, qui ne font pas l’objet de controverses et qui ne sont pas trop gourmands sur le plan des ressources financières. Dans un gouvernement minoritaire, surtout les premiers jours, les fonctionnaires ministériels feront preuve de prudence jusqu’à ce que le nouveau gouvernement soit capable (ou non) de trouver sa place. Durant cette période d’ajustement, les décisions controversées ou les déploiements de politiques seront souvent retardés ou tout simplement repoussés aux calendes grecques tant que la fonction publique, qui est indépendante, essaie de comprendre dans quel sens souffle le vent politique.
Les entreprises et organisations doivent savoir comment gérer les communications et bâtir des relations dès les débuts d’un gouvernement minoritaire. McMillan aVantage est là pour vous aider à faire avancer vos priorités.