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Répercussions durables de la pandémie

Maintenant que la journée du Canada est passée, la perspective Vantage prend un peu de recul pour se pencher sur six tendances, répercussions ou questions de politique découlant de la pandémie.

1.  Disparition des restrictions budgétaires?

La fin des années 1990 a été marquée par les restrictions budgétaires et l’équilibre budgétaire, en partie en réaction à un niveau d’endettement élevé qui s’était accumulé au cours des 20 années précédentes. Le déficit budgétaire est réapparu en raison de la crise financière mondiale de 2008. Mais ce n’était rien comparé au déficit fédéral causé par des dépenses sans précédent engagées pour lutter contre les répercussions de la pandémie depuis le début de 2020.

Alors que l’économie redémarre, la hausse de l’indice des prix à la consommation suscite déjà des inquiétudes, qui pourraient être aggravées par un niveau d’endettement record. Le déficit devrait baisser avec la fin des programmes gouvernementaux fédéraux mis en œuvre en réponse à la COVID-19 (de nombreux programmes sont censés prendre fin en septembre 2021). À combien se chiffrera le déficit structurel? Nul ne le sait!

Étant donné la forte probabilité d’une élection cet automne, la responsabilité budgétaire pourrait devenir un enjeu majeur alors que les conservateurs cherchent à se démarquer des libéraux dépensiers. Mais même les conservateurs n’équilibreraient pas le budget pendant des années s’ils étaient élus. Le déficit budgétaire est donc peut-être là pour rester à moyen terme, quel que soit le résultat de l’élection.

2. Commerce international

En 2020, la valeur totale des échanges commerciaux de marchandises du Canada (exportations + importations) a accusé la deuxième plus importante baisse jamais enregistrée, chutant de 10,9 %. Les volumes d’échanges commerciaux devraient revenir aux niveaux précédents avec la reprise économique, mais pas aussi hauts qu’avant parce que la pandémie a soulevé de nouveaux enjeux de résilience de la chaîne d’approvisionnement mondiale à la fois pour le Canada et ses principaux partenaires commerciaux.

Les priorités du Canada en matière d’échanges commerciaux comprennent la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) et des réformes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour gérer les pressions exercées sur le système de commerce multilatéral et la diversification géographique et sectorielle des échanges. Mais il est également probable que la liste des secteurs stratégiques protégés par des politiques nationales, comme la production des vaccins, s’allongera. Et le Canada, même s’il doit lutter contre du protectionnisme commercial des États-Unis, cherchera à forger des chaînes d’approvisionnement continentales avec des partenaires américains et mexicains.

3. Soins de santé post-pandémie

Le secteur des soins de santé de longue durée au Canada n’a pas du tout répondu aux attentes pendant la pandémie, étant responsable de 8 décès sur 10 causés par la COVID-19. Il s’agit du double du pourcentage moyen de la zone de l’OCDE, même si les résultats d’une recherche publiée aujourd’hui suggèrent que le Canada pourrait ne pas avoir comptabilisé près des deux tiers des décès dus à la COVID-19 survenus en dehors des milieux de soins de longue durée.

Avant la pandémie, l’assurance-médicaments était un problème politique de taille, ou au moins y aspirait. Ce problème sera probablement désormais mis de côté en faveur de dépenses à grande échelle pour l’amélioration des soins aux personnes âgées. Le Canada pourrait vouloir copier certains pays européens où une combinaison de soins personnalisés à domicile et de soins de meilleure qualité en institution est une priorité de politique publique depuis des années.

Concernant le système de soins de santé en général, et c’est aussi le cas aux États-Unis, il semble que beaucoup plus de Canadien.ne.s que ce qui a été déclaré ont contracté la COVID-19. Ainsi, la « longue COVID » ou la tendance observée à souffrir de problèmes de santé pendant plusieurs mois (possiblement des années) après une infection de COVID-19, pourrait faire peser un fardeau supplémentaire sur le système de soins de santé du pays.

4. Des milieux de travail en évolution

Un sondage effectué par Léger au mois de mai a révélé que 4 Canadien.ne.s sur 5 ne voulaient pas retrouver les modèles de travail d’avant la pandémie et que 35 % des Canadien.ne.s ont même affirmé vouloir quitter leur emploi si leur employeur les obligeait à retourner travailler au bureau à plein temps. Il est probable que nos milieux de travail changeront, le recours au télétravail pendant la pandémie ayant réduit le besoin en bureaux physiques. Ainsi, les entreprises pourraient passer à des arrangements de « bureau à la carte » où les employé.e.s se partagent un espace de travail lorsqu’ils/elles/iels doivent travailler au bureau. Dans l’intervalle, des entreprises comme Shopify prévoient normaliser les arrangements de travail de style pandémie.

5. Les années 20, des années folles?

Les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale ont été marquées par un boom économique (qui a duré jusqu’au krach de 1929), et des innovations technologiques contemporaines comme la radio.

L’histoire va-t-elle se répéter? L’économie rebondit fortement, nourrie par une demande des consommateurs qui a été très bridée. Le secteur des innovations technologiques demeure dynamique, particulièrement les biotechnologies et les sciences de la vie : le développement rapide des vaccins contre la COVID-19 a été une réalisation extraordinaire. Toutefois, le vieillissement de la population, les niveaux d’endettement records et le coût élevé des logements (un défi tout particulier pour la population dans la vingtaine, trentaine et quarantaine qui sont les consommateurs qui dépensent le plus) laissent penser que ces années 2020 pourraient ne pas ressembler aux années 1920.

6. L’équité par la politique?

La pandémie a mis en évidence et même exacerbé les inégalités qui existent depuis longtemps au Canada. Les femmes en ont subi les plus lourdes conséquences, ayant perdu leur emploi dans des secteurs de services très touchés comme les services alimentaires, la culture et le tourisme, tout en ayant à composer aussi avec les fermetures d’écoles. La création du Groupe de travail sur les femmes dans l’économie et l’engagement à créer un programme national de garderies devraient améliorer les problèmes d’équité, tout comme les mesures liées au congé de maladie prises par de nombreuses provinces. Quoi qu’il en soit, il est clair que les personnes de différents milieux socio-économiques ont vécu des pandémies différentes : immigrants/Canadiens de naissance, cols bleus et roses/employés.

La pandémie a creusé le fossé économique, lequel sera une priorité pour tous les gouvernements (municipaux, provinciaux et fédéral) au cours des prochaines années. Mais beaucoup de décisions sont à prendre quant aux politiques à adopter et dans quel ordre, en particulier compte tenu des hauts niveaux d’endettement et de l’ampleur de l’incertitude économique.

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